Beaucoup de mots empruntés à l'anglais ont en fait une origine directement latine ou française (en plus de l'origine lointaine indo-européenne qui prévaut dans tous les cas), ce qui devrait ôter tout scrupule à les employer.
Random, utilisé en informatique, est un authentique mot germanique qui (c'est le cas de le dire vu l'étymologie) a fait beaucoup de chemin. Pour l'anglais, son origine est française : il vient probablement de l'ancien français randir, randonner, "courir impétueusement" (d'où l'idée de hasard), de randon, "impétuosité". Qui, lui, est d'origine francique (*rant, "course", que l'on retrouve dans l'anglais run et l'allemand rennen)...
Il existe aussi quelques faux anglicismes, inventés en France : parking (les Anglais utilisent car park, mais il est possible que les Français aient abrégé l'américain parking lot, parking space), tennisman (anglais tennisplayer), footing (apparu en France au XIXe, d'origine incertaine)...
Voici l'histoire de smoking : en anglais, smoking-jacket désigne une veste d'intérieur. Jacket est emprunté au français (cf. jaquette). Au XIXe, les français reprennent le terme anglais, en en changeant le sens. Ils l'abrègent à la française, conservant le début du mot, alors qu'en anglais le déterminant précède le déterminé, ce qui a pour effet d'évacuer la racine française du mot, et de ne laisser qu'un mot qui pour un Anglais aurait le sens d'"action de fumer", là où lui-même emploierait dinner-jacket qui est presque français...
Signalons un quiproquo historique dû à l'emploi du verbe réaliser dans le sens (anglais) de "prendre conscience de" : « L'État-Major français a pleinement réalisé les intentions ennemies » en 1914 (cité par Grevisse dans Le bon usage).
Voici cette fois un véritable anglicisme : bateau (du vieil anglais bat, cf. boat). Conclusion : l'étymologie amène à revoir grandement la notion d'anglicisme. Sans oublier les centaines des mots anglais directement empruntés au français suite à la conquête de Guillaume.