Les noms de nombres sont à l'origine de familles très importantes. Les voici par ordre croissant :
Son introduction tardive fait qu'il n'a pas de dérivés. En fait, zéro et chiffre sont deux variantes du même mot arabe sifr, "zéro", qui nous sont parvenus, l'une par le latin médiéval cifra, l'autre par l'italien zefiro.
A évidemment donné tous les mots en uni- : union, unité, univers (en conjonction avec la famille de vers)... ainsi que les importants mots non (*ne oinom) et nul (*ne oinolos).
La racine indo-européenne pour "un", *sem- , a donné en grec hemi- ("un seul" devenu "moitié", avec son équivalent latin semi-), homos ("semblable"), homalos ("régulier"), d'où anômalia ("irrégularité"), et est donc à l'origine de nombreux mots composés. Par l'intermédiaire du latin, on a obtenu semblable, ensemble, assemblée, assimiler, simuler, simultané, simple, singulier, sincère, et aussi sanglier (singularis porcus, "porc solitaire"). En anglais : same, some, en allemand : zusammen.
Le grec monos, "seul", a une origine différente. Outre les nombreux composés desquels il est le préfixe, il subsiste dans le mot moine (solitaire) et ses dérivés.
On le trouve évidemment dans deux, double, dans les composés en di- (dichotomie), bi- avec ses variantes bin- (binocle) et vi- (vingt), diplo- (Diplodocus), dans duel (grammatical), dualité. Il a aussi laissé douter (au sens d'"hésiter entre deux possibilités") et dubitatif, redouter, ainsi que combiner et ses dérivés, ou enfin diplôme ("feuille pliée en deux").
Le préfixe est parfois méconnaissable : une brouette a deux roues, et la balance deux plateaux, qui servent au figuré à dresser un bilan.
L'expression de la dualité par amphi- ou ambi- résulte de l'utilisation de la racine *amb- , "autour", qui a aussi donné aller (latin ambulare).
Se reconnaît dans tiers, tiercé, tercet, ternaire, triade, trinité, triple.
Aussi à l'origine de trancher ("couper en trois", cf. écarter et esquinter), de trèfle (plante trifoliée), de troïka ("attelage de trois chevaux"), et de trivial.
Enfin, il est envisageable que s'y rattache la famille de tribu, tribunal...
Probablement le plus fécond. En grec, tessares ou tettares, qui a donné les composés formés sur tétra- (par exemple tétrapilectomie, qui consiste à couper les cheveux en quatre). En latin, quattuor et ses dérivés a donné les mots en quadr- (quadrature, quadrupède...) et quatr- (quatrain...).
Écarter, écarteler, écarquiller signifient "couper en quatre". On obtient alors des quartiers.
Les carrés, les carreaux, le carrelage, les squares ont quatre côtés, de même que le cadre. On les dessine avec une équerre. On équarrit ("tailler en carrés") dans les carrières. Les escadres, escouades et autres sont formées en carré.
De manière moins évidente, le carillon est un groupe de quatre cloches. La caserne regroupait à l'origine quatre personnes (et aujourd'hui encore, on peut en utiliser quartier comme synonyme). L'incartade est un coup d'épée donné en faisant un quart de tour. Le cahier et le carnet sont des feuilles pliées en quatre (ou des groupes de quatre feuilles).
A laissé les suffixes de vingt, trente, quarante etc. (par la variante indo-européenne *kmt-, en latin -gint que l'on retrouve dans quadragénaire...), ainsi que le -ze de onze, douze... seize (forme atone du latin decim).
Nombreux composés en déc- : décade, décimer...
La dîme est un impôt d'un dixième des richesses. Le doyen, un chanoine dont dépendent dix prêtres. La denrée est ce que l'on peut acheter avec un denier, qui est une monnaie de dix as.