En fait, on pourrait rejeter cet argument contre le matérialisme en remarquant que la logique est nécessaire à l'élaboration de la théorie matérialiste (dans la démarche scientifique) et à son évaluation (c'est la plus simple, donc la plus vraisemblable), mais pas à l'expression des thèses matérialistes.
Mais la logique est bien nécessaire non seulement pour élaborer une théorie matérialiste, mais aussi pour l'exprimer : seules, les lois fondamentales de la physique ne disent rien, elles doivent être interprétées d'une manière complexe, et on doit prendre toutes leurs conséquences en compte.
Tant qu'on ne spécifie pas les lois physiques, la logique n'est donc pas indispensable à la thèse « le monde et moi s'expliquent par des lois physiques gouvernant l'extérieur et la matière, et rien d'autre ». Mais elle est indispensable non seulement à la recherche de ces lois, mais aussi simplement à l'expression de ces lois (et, naturellement, au raisonnement qui consiste à expliquer pourquoi cette explication doit être considérée comme vraie puisque c'est la plus simple - puisque tout raisonnement nécessite la logique).
Ceci tend à faire penser qu'une théorie matérialiste ne peut pas se passer de l'existence a priori de la logique qu'elle utilise (en gros, le matérialisme présuppose une forme de platonicisme).