Argument pour l'interdiction de la grève : normalement, expression des revendications par la démocratie et suffrage universel, et non par un chantage ; mais ceci est uniquement valable au niveau national, et pas pour une entreprise locale dont les ouvriers n'ont pas de message national (la démocratie n'a pas à régler les problèmes individuels : pouvoir judiciaire séparé du législatif). Si le droit de grève était supprimé, un petit groupe devrait faire entendre ses intérêts particuliers (qui ne concernent pas toute la nation) au travers d'un vote, et donc devrait former un lobby. L'interdiction du droit de grève aboutit donc à la formation de lobbies, nuisibles. (Les ouvriers ont déjà montré, par exemple avec les syndicats, qu'ils étaient capables de l'organisation matérielle et financière nécessaire.)
Régulation des grèves (service minimum etc) : on observe beaucoup plus de grève dans des services publics (SNCF...) que dans les entreprises privées. Habituellement on prétend que c'est parce que le public est moins intransigeant que le privé. Mais du point de vue micro-économique l'explication est simple : à perte égale (la journée de salaire), on fait d'autant plus grève que le gain espéré est important ; or dans le cas d'un service public, le caractère gênant et quasi-intolérable de la grève fait qu'elle a beaucoup plus de chances d'aboutir à des négociations sérieuses. La solution est simple aussi : il faudrait, pour équilibrer la tendance à faire grève, augmenter d'autant le coût de la grève (le taux de la retenue sur salaire) que celle-ci est gênante. Ceci serait une meilleure solution que de limiter le droit de grève, qui est un droit fondamental.